Hier soir s’achevait sur France 2 la diffusion de la série de Jean-Xavier de Lestrade adaptée du livre Laëtitia ou la fin des hommes d’Yvan Jablonka qui a obtenu le prix Médicis 2016. Une mise en image d’un fait-divers complexe, celui du meurtre de la jeune Laëtitia Perrais à Pornic en 2011, qui a mis en émois la France entière.
le fait-divers versus la série
C’est l’histoire tragique et douloureuse de Laetia Perrais, jeune femme de 18 ans qui disparaît dans la nuit du 18 janvier 2011 à la Bernerie-en-Retz, commune de Pornic située dans l’ouest de la France.
Ses proches, constitués de sa famille d’accueil et sa sœur jumelle, donnent tout de suite l’alerte lorsqu’ils retrouvent son scooter renversé et une paire de chaussures (qu’elle portait lorsqu’elle a quitté le domicile). S’en suit le déploiement d’incroyables moyens de recherche et la police, qui retrace le parcours de Laëtitia, ne tarde pas à découvrir qu’elle a passé la journée avec un certain Tony Meilhon, un marginal dont le casier judiciaire est plus que fourni.
Les enquêteurs comprennent rapidement qu’il s’est passé quelque chose de grave lorsque celui-ci avoue à demi-mot l’avoir enlevée. Au fur et à mesure des interrogations, il confiera finalement l’avoir tué et avoir caché le corps. L’horreur est à son apogée lorsque la police découvre la tête et les membres de la jeune femme dans un étang. Ils mettrons plusieurs jours à retrouver le buste, que l’assassin a pris soin de dissimuler ailleurs.
En parallèle, le président de l’époque, Nicolas Sarkozy s’empare de l’affaire pour fustiger les juges d’application des peines et le suivi des délinquants dont aurait notamment dû faire partie le présumé coupable. On apprendra aussi que le père d’accueil de Laëtitia et de sa jumelle abusait d’elles.
Plus que les simples faits de cette histoire hors-norme, la série de France 2 nous plonge dans le parcours de vie des jumelles Perrais, dans une France silencieuse, encline à une violence ordinaire.
Notre avis
Pour ce récit complexe pétri de non-dits et de violence, redonner vie à Laëtitia était un exercice difficile que Jean-Xavier de Lestrade a réussi haut la main. Le parti-pris d’avoir adapté le livre absolument majestueux d’Yvan Jablonka pour construire le propos de cette fiction semble avoir été une évidence, tant l’auteur avait fourni un regard lucide et pudique sur cette affaire.
Le réalisateur pointe du doigt les défaillances du système judiciaire et des services sociaux, sans jamais en faire des boucs émissaires. Le manque de moyen, le silence et la misère sociale sont tant de questions soulevées avec sobriété et réalisme.
Les jeunes interprètes des jumelles que sont Marie Colomb et Sophie Breyer sont quant à elles véritablement justes et chaque comédien est à sa place.